La mortalité maternelle : un frein insoutenable au développement humain et économique en Afrique subsaharienne

Toutes les deux minutes, une femme meurt de causes évitables liées à la grossesse et à l’accouchement dans le monde. La mortalité maternelle, bien que largement évitable en 2025, reste un problème de santé publique majeur au Bénin. C’est un phénomène inhabituel dont la survenue témoigne souvent de dysfonctionnements du système de soins. Selon l’OMS, la mort maternelle est « le décès d’une femme survenu au cours de la grossesse ou dans les 42 jours après sa terminaison quelle qu’en soit la durée ou la localisation, pour une cause quelconque déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu’elle a motivés, mais ni accidentelle, ni fortuite ». 

Les causes biologiques telles que l’hémorragie, l’éclampsie, l’infection, l’avortement et la dystocie sont les éléments qui déclenchent le processus conduisant à la mort de la femme. Mais il est reconnu aujourd’hui que la principale cause des décès maternels est la faible capacité du système de santé à offrir des soins maternels de qualité et à prendre en charge les complications postnatales. Plusieurs facteurs justifient cette faible capacité du système de santé à savoir :

  • le retard familial dans la prise de décision de recourir aux services de santé ;
  • le retard dans l’acheminement de la femme enceinte vers un service de santé approprié ;
  • le retard dans la prise en charge adéquate de la femme enceinte présentant des complications dès son admission dans les services de santé de référence. 

Tendances et réalités de la mortalité maternelle à travers les données

En 2015, c’était plus de 830 femmes qui mouraient chaque jour à travers le monde du fait de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. En effet, 303 000 femmes sont décédées au cours de la grossesse pendant et après l’accouchement durant l’année civile. La majeure partie de ces décès se sont produits dans des pays à revenu faible et la plupart auraient pu être évités. Le ratio de mortalité maternelle dans les pays en développement était, en 2015, de 239 pour 100 000 naissances vivantes, contre 12 pour 100 000 naissances vivantes dans les pays développés.

En 2017, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud représentaient environ 86% (254 000) des décès maternels estimés dans le monde ; la part de l’Afrique subsaharienne s’élève à environ 66 % (196 000).

Bien qu’en baisse, les chiffres liés à la mortalité maternelle restent toujours alarmants jusqu’en 2023 où environ 260 000 femmes sont décédées pendant ou après une grossesse ou un accouchement. La majorité de ces décès sont survenus dans les pays à revenu faible. En effet, 70% des décès ont eu lieu en Afrique subsaharienne et 17% en Asie du Sud.

Entre 2000 et 2020, le taux de mortalité maternelle a diminué de 40% en Afrique subsaharienne, passant de 870 à 525 décès pour 100 000 naissances vivantes. Malgré cette baisse, le mal persiste toujours à un rythme assez élevé, avec environ 504 décès pour 100 000 naissances vivantes dans cette région d’Afrique en 2023. Ces progrès restent insuffisants pour atteindre les objectifs de développement durable fixés par les Nations Unies. 

Au Bénin, environ 1 500 décès maternels sont enregistrés chaque année. En effet, le ratio de mortalité maternelle se situait à 347 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2014 pour une cible attendue de 125 en 2015 selon les Objectifs du Développement Durable (ODD5).

Ces chiffres soulignent les disparités d’accès aux soins de santé de qualité et mettent en évidence la nécessité de renforcer les systèmes de santé.

Que faut-il faire pour maîtriser efficacement ce mal ?

La réduction de la mortalité maternelle en Afrique nécessite une approche globale et intégrée, qui prend en compte les besoins spécifiques des femmes et des filles.  Il est possible de mettre fin aux décès maternels évitables à travers une action collective. En effet, il faut tout d’abord, à travers les Relais Commentaires au niveau local, atteindre chaque femme enceinte avec des messages de sensibilisation sur la nécessité et les avantages des consultations prénatales. Ensuite, il faut dispenser des soins efficaces et des interventions à haut impact au cours de la grossesse, à l’accouchement et lors de la première semaine de vie du nouveau-né. Il est aussi nécessaire de renforcer le système de santé, le pouvoir de décision des parents, des familles et des communautés en vue de pérenniser les résultats, tout en améliorant le système d’information sanitaire pour la prise de décision en temps réel.

Références 

OMS (2015). Tendances de la mortalité maternelle de 1990 à 2015, OMS Genève 2015

OMS (2017). Trends In Maternal Mortality 2000 to 2017: Estimates by WHO, UNICEF, UNFPA, World Bank Group and the United Nations Population Division

Ministère de la Santé (2022). Plan opérationnel de réduction de la mortalité maternelle et néonatale au Bénin 2018-2022 

Par AMAHOWE Gérald | Analyste en innovation sociale à Africitizen